eclairage des neurosciences

L'éclairage des neurosciences


 Quand nous souffrons, que ce soit de douleur, ou de dépression, d’angoisses, etc nous sommes immobilisées dans notre vie par ces symptômes, qui nous coupent d’une relation équilibrée au monde et à nous-mêmes. Ils sont une rupture dans le mouvement permanent du changement et dans notre adaptation et notre attention à ce changement. Ce que l’on soigne, c’est alors l’immobilisation.

La compréhension des processus attentionnels apparait donc comme une piste intéressante dans cette réflexion sur le processus de changement. Qu’est-ce que ces études sur l’attention nous apprennent sur la défocalisation de l’attention ou le lâcher prise ? L’imagerie cérébrale par résonnance magnétique (IRMf) nous éclaire aujourd’hui. 

Le réseau par défaut[1].

En dehors du fonctionnement cérébral dédié aux tâches exécutives, les techniques modernes d'imagerie cérébrale ont mis en évidence deux types de grands réseaux de fonctionnement cérébral. Le premier concerne les processus attentionnels et le deuxième, nommé réseau par défaut ou resting state, celui de l'activité spontanée du cerveau quand elle est dépourvue de tâches exécutives ou d'attention. Le resting state est associé à des processus intrinsèques (vagabondage de l'esprit, projection de soi, réarrangement du passé, projection dans le futur, etc.) et présente une activité oscillatoire synchronisée qui se déclenche au moment du repos de l’individu et est anti corrélée au réseau lié à l'attention. Ce travail essentiellement introspectif de notre cerveau nommé aussi l’énergie noire par Raichle, son découvreur, a une très haute importance car, paradoxalement, la consommation d’oxygène et de glucose est augmentée de près de 40% de plus qu’au moment où l’individu est en activité. Par ailleurs, on observe une modulation du réseau par défaut dans des états modifiés de conscience comme le sommeil, l'anesthésie générale, l'hypnose et la méditation et de nombreuses études mettent en évidence l’effet favorable de ces techniques.

Les pratiques psycho-corporelles comme l’hypnose, la méditation, la musique, les massages, le yoga, la réflexologie, l’acupuncture laser montrent, au travers de la revue de la littérature, des changements sur le fonctionnement cérébral qui peuvent persister à long terme.

Hypnose :

L'hypnose est une pratique de l'attention où un praticien accompagne un patient à rentrer dans une état modifié de conscience pour se soigner.

Est-ce que l'hypnose est différente ou identique à l'imagination ? Des études d'imagerie cérébrale ont permis d’y répondre de manière claire en comparant l’activité du cortex cingulaire antérieur dans trois conditions expérimentales différentes. En présentant un stimulus auditif à un sujet, on voit que cette région s'active. Lorsque l’on demande à ce même sujet d'imaginer ce stimulus auditif, on observe une réduction de l’activité de cette zone alors que si l’on place ce sujet en état d'hypnose et que la suggestion hypnotique est d'entendre le même stimulus auditif, on observe la même activité de que lorsque le sujet l’entendait vraiment[2]. L’activité du cortex cingulaire est corrélée avec la clarté de la perception du son et la perception de sa provenance comme extérieure au sujet. L'hypnose semble être plus proche de la « réalité » que ne l'est l'imagination.

Musique :

Une des études menées par le centre de recherche sur la neuroscience, la psychologie et la musique, à l’université de Montréal, tend à montrer que « la musique atténue bien la douleur et que l’effet positif n’est pas lié à la distraction suscitée par la musique, mais à l’émotion qu’elle induit… »[3]

Méditation :

De nombreuses études[4] ont montré que la méditation modifie l’activité cérébrale de façon significative, lors de sa pratique et à long terme. Elle développe la plasticité neuronale et une augmentation de l’épaisseur corticale est constatée (proportionnelle au temps de pratique chez les méditants par rapport aux novices). Plus le temps de pratique augmente, plus ces changements deviennent permanents. Les zones du cerveau concernées par cette augmentation significative de l’épaisseur corticale sont celles du fonctionnement cognitif, des performances attentionnelles et de la gestion et de l’intégration émotionnelle. Il apparait non seulement une augmentation de la substance grise, mais aussi de la substance blanche (au niveau du fasciculus uncinatus), ce qui indique une plus grande connectivité fonctionnelle entre les différents centres nerveux. Notamment entre le cortex pré frontal et les différentes structures du cerveau limbique. Le vieillissement cérébral est retardé de façon significative par une pratique régulière de la méditation.

Massage :

Diverses études montrent qu’être massé régulièrement sur de longue période module l’activité du cortex cingulaire et du cortex préfrontal, régions essentielles dans la régulation et le traitement des émotions. Le massage induit une modification de l’activité du réseau par défaut, notamment si le massage est réalisé directement avec les mains, et non pas avec l’aide d’un objet. Cette modification se situe plus particulièrement au niveau du gyrus cingulaire (impliqué dans les représentations affectives)[5].

 
Une étude sur les effets de la combinaison du massage et de l’aromathérapie chez des patients psychiatriques avec troubles attentionnels a étudié 3 indicateurs que sont l’EEG et le dosage du cortisol et du BDNF[6]. Les résultats ont montré d’une part que le taux de cortisol diminue fortement, que l’EEG est majoritairement orienté vers des ondes alpha, mais aussi une augmentation significative du BDNF, et ce après seulement 8 semaines.

[1] Morar S, Neurosciences et pratiques psycho-corporelles. in Se soigner par les pratiques psycho-corporelles, coordonné par Celestin-Lhopiteau I., Dunod 2015

[2] Szechtman et al., 1998

[3] Baril 2006

[4] Lazar et al., 2005 : Méditation mindfullness, changements dans l'épaisseur corticale.

[5] Jin-ji wu et al 2014

[6] BDNF - Facteur neurotrophique dérivé du cerveau ayant un rôle essentiel dans la protection neuronale
Share by: